La courbe ne s’inverse pas : chaque année, les postes d’accompagnement pour élèves en situation de handicap se multiplient, même si la stabilité de l’emploi tarde à suivre. Les chemins menant à la titularisation restent sinueux, mais des initiatives voient le jour pour donner corps à une véritable montée en compétences.
À mesure que la société réclame une école plus ouverte, les débouchés pour les accompagnants se diversifient. Pourtant, ces passerelles restent souvent dans l’ombre, alors qu’elles pourraient répondre à la soif de sens et d’évolution de nombreux professionnels investis dans l’inclusion.
Le métier d’AESH : un pilier de l’éducation inclusive
Depuis une décennie, le métier d’AESH s’est imposé comme une pièce maîtresse de l’école inclusive. Dans les classes, de la maternelle jusqu’au lycée, ces accompagnants épaulent chaque semaine plusieurs élèves, ajustant leur présence selon les besoins repérés par l’équipe éducative. Leur mission va bien au-delà du simple soutien : ils facilitent l’accès au savoir, encouragent la participation à la vie collective et s’assurent que chaque élève trouve sa place dans le système scolaire.
Le métier attire principalement des femmes, avec 136 000 personnes en poste en 2024. Leur quotidien dépasse largement l’aide aux devoirs. L’accompagnant éducatif veille à l’autonomie, à l’inclusion, et adapte son intervention au rythme de chaque enfant. Il ajuste les outils pédagogiques, repère les premiers signes de décrochage, et fait souvent le lien entre l’élève, l’enseignant et la famille. Il rend possible ce qui, sans lui, resterait inaccessible.
L’AESH travaille sous contrat avec l’Éducation nationale, généralement à temps partiel, 24 heures par semaine, en moyenne. La reconnaissance progresse : depuis 2023, le CDI devient accessible après trois ans d’ancienneté. Mais le parcours reste fragile et l’accès à la fonction publique, fermé. Malgré cette précarité, le métier continue d’attirer, et son rôle dans l’accompagnement du handicap à l’école ne cesse de s’affirmer.
Pourquoi choisir la voie de l’accompagnement scolaire aujourd’hui ?
Ce métier s’ancre dans la réalité du terrain, là où chaque geste compte pour l’accès à l’éducation. L’humain prime : écoute, patience, empathie rythment le quotidien de l’accompagnant. L’adaptabilité est une nécessité permanente, car aucun élève, aucune journée ne ressemble à la précédente.
Carine Fontaine, AESH à la Réunion, décrit un engagement total : « Je ne fais jamais la même chose, chaque élève a son rythme, ses besoins. Ce métier m’a appris l’humilité. » Elle insiste sur l’importance du travail collectif. Les qualités attendues sont multiples : initiative, sang-froid, organisation, créativité, réactivité.
Ce choix professionnel s’inscrit dans une volonté d’agir concrètement pour une société plus juste. Les avancées existent, comme la possibilité d’obtenir un CDI après trois ans, mais la réalité du terrain reste marquée par le temps partiel (98 % des AESH en 2023) et une rémunération modeste, comprise entre 760 et 920 euros nets par mois. À la Réunion, la prime de vie chère allège un peu la charge. Des organisations syndicales, telle que la CFTC EPR, poursuivent le combat pour un véritable statut, gage de reconnaissance à la hauteur de l’engagement.
Voici les principales compétences et réalités du métier :
- Compétences clés : écoute, patience, empathie, adaptabilité, organisation
- Nature du poste : engagement humain, accompagnement individualisé, travail en équipe
- Conditions d’exercice : majoritairement temps partiel, évolution vers CDI, précarité persistante
Quelles évolutions professionnelles après la formation d’AESH ?
Le temps passé auprès des élèves construit une expérience précieuse, recherchée bien au-delà des murs de l’école. Avec un effort de formation continue ou une VAE, l’AESH peut élargir son horizon professionnel. Ce bagage ouvre la porte au secteur médico-social, à l’Éducation nationale, mais aussi à d’autres champs d’action.
Une part significative des accompagnants se tourne vers les métiers du travail social (32 %) ou du secteur paramédical (24 %), tels qu’éducateur spécialisé, aide-soignant ou auxiliaire de vie. D’autres bifurquent vers l’animation socioculturelle, l’insertion professionnelle, ou s’orientent vers l’administration, voire l’enseignement en passant les concours internes.
Voici quelques exemples concrets de parcours accessibles :
- Éducateur spécialisé
- Moniteur-éducateur
- ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles)
- Professeur des écoles (sous conditions de diplôme et de concours)
La VAE transforme l’expérience d’AESH en diplôme, tel que le DEAES (Diplôme d’Accompagnant Éducatif et Social), qui ouvre de nouvelles perspectives. D’autres dispositifs accompagnent la reconversion : Compte Personnel de Formation (CPF), Projet de Transition Professionnelle (PTP), bilan de compétences. Les secteurs de la petite enfance, de l’animation ou de l’insertion sociale sont eux aussi en quête de ces profils familiarisés avec les enjeux de l’accompagnement et de l’inclusion.
Un entretien professionnel, tous les trois ans, permet d’affiner son parcours : il oriente vers des formations adaptées, pour bâtir un projet cohérent, en phase avec les réalités du terrain.
Accéder au métier et construire son parcours : démarches, formations et conseils
Pour devenir AESH, plusieurs étapes structurent le parcours : il faut d’abord repérer les postes à pourvoir, préparer son dossier, puis se présenter à un entretien auprès de la DSDEN ou du rectorat. Aucun concours n’est exigé, mais le baccalauréat ou une expérience solide dans l’accompagnement d’élèves en situation de handicap sont demandés.
En général, le recrutement se fait en CDD de trois ans, renouvelable, avec une évolution possible vers le CDI après trois ans d’ancienneté. La plupart des AESH travaillent à temps partiel, environ vingt-quatre heures par semaine. À la Réunion, la prime de vie chère complète le salaire, qui se situe entre 760 et 920 euros nets mensuels en métropole pour un temps partiel.
La prise de poste s’accompagne d’une formation d’adaptation organisée par l’académie. Les modules MIN-ASH ou le Plan académique de formation (PAF) permettent d’approfondir ses compétences. Pour préparer une évolution, plusieurs dispositifs existent : le Compte Personnel de Formation (CPF) et la VAE favorisent l’obtention de diplômes comme le DEAES ou le CAP Accompagnant Éducatif Petite Enfance.
Pour mieux s’orienter, quelques conseils pratiques :
- Postulez via France Travail ou sur les sites des rectorats.
- Valorisez vos expériences auprès des équipes éducatives et sociales.
- Renseignez-vous sur les parcours emploi compétences (PEC) et les dispositifs de formation continue.
Pour avancer, il faut anticiper, rester en veille sur les dispositifs d’accompagnement, et ajuster son projet au fil de l’évolution du secteur. Ce chemin demande de la persévérance, mais il ouvre la voie à de réelles perspectives pour qui veut s’engager dans l’inclusion scolaire ou sociale.
Construire une carrière après la formation d’AESH, c’est accepter de franchir des portes parfois discrètes, mais bien réelles, vers des métiers où l’humain garde toute sa place. L’avenir appartient à ceux qui sauront saisir ces opportunités, au service d’une école et d’une société plus accueillantes.