L’inscription en faculté de médecine n’est plus le passage obligé pour accéder à la profession de sage-femme en France. Depuis la réforme de l’accès aux études de santé, plusieurs voies parallèles existent, avec des modalités d’admission et des critères de sélection distincts. Les écoles de maïeutique recrutent désormais via des parcours diversifiés, notamment après un baccalauréat ou une licence, sans imposer systématiquement le concours traditionnel de médecine.
L’accès, la durée de formation et les perspectives de carrière dépendent du parcours choisi, des équivalences obtenues et des passerelles disponibles. Certains dispositifs permettent aussi une reconversion professionnelle, sous conditions précises.
Comprendre le métier de sage-femme : missions, qualités et réalité du terrain
Il y a dans le métier de sage-femme une richesse de missions et une proximité humaine qui ne se retrouvent pas dans toutes les professions de santé. À chaque étape de la grossesse, la sage-femme veille, conseille, surveille et intervient au moment décisif de l’accouchement. Cette professionnelle suit la santé des femmes, assure le suivi gynécologique de prévention, prend en charge les consultations liées à la contraception et accompagne les interruptions volontaires de grossesse (IVG), dans le respect strict du cadre légal en France.
Au sein des maternités, les sages-femmes occupent un rôle central : surveillance du travail, évaluation des risques, accouchements eutociques. Leur implication se prolonge après la naissance, avec le suivi postnatal, les soins apportés au nouveau-né, l’écoute attentive des familles, ainsi que la détection des situations fragiles. Hors de l’hôpital, la profession s’exerce aussi en cabinet libéral ou en centre de santé, ce qui élargit encore la palette des missions.
Pour exercer, il faut conjuguer plusieurs qualités : écoute, rigueur, réactivité. La capacité à collaborer en équipe, à prendre des décisions rapides, à rassurer dans l’urgence, à s’adapter à des situations très différentes s’avère indispensable. L’inscription à l’ordre des sages-femmes vient garantir le respect des principes déontologiques, sous la surveillance du conseil national.
Le niveau de rémunération varie selon le cadre d’exercice et l’expérience. En début de carrière, dans le secteur public, il faut compter autour de 2 000 euros nets par mois. En libéral, les revenus dépendent du volume d’activité et de la patientèle, mais restent encadrés par les conventions nationales.
Quelles voies d’accès pour devenir sage-femme sans passer par la fac de médecine ?
S’engager dans la voie de sage-femme sans passer par la fac de médecine, c’est choisir un parcours qui s’est transformé ces dernières années. La réforme des études de santé a supprimé le passage obligé par la première année commune aux études de santé (PACES) et le concours de médecine traditionnel.
Deux grandes filières permettent désormais d’accéder aux écoles de maïeutique :
- Le Parcours d’accès spécifique santé (PASS) : une année universitaire centrée sur les matières scientifiques, avec une option qui ouvre aussi vers d’autres disciplines si besoin.
- La Licence avec Accès Santé (LAS) : une licence universitaire classique (droit, sciences, lettres, etc.) enrichie d’enseignements en santé, qui attire ceux désireux de croiser les domaines et d’élargir leurs compétences.
À la fin de ces parcours, il faut valider son année et réussir une sélection spécifique à chaque université. La procédure s’articule autour du choix du parcours, de la réussite académique, puis d’une sélection sur dossier, entretien, et parfois épreuves orales. Les résultats et le projet professionnel sont déterminants.
Le numerus apertus, défini par les agences régionales de santé, fixe le nombre de places disponibles. Seuls les candidats les plus solides rejoignent ensuite l’école de maïeutique pour quatre années de formation spécialisée. Ce système vise à diversifier les profils et à valoriser les compétences multiples des futurs sages-femmes.
Le parcours en école de maïeutique : organisation des études, concours et diplômes
Une fois sélectionnés, les étudiants débutent un cursus en école de sage-femme découpé en deux cycles. Le premier cycle, de deux ans, pose les bases scientifiques et cliniques : anatomie, physiologie, sémiologie obstétricale. Cette phase théorique s’accompagne d’une découverte progressive du terrain hospitalier. Les gestes techniques s’acquièrent peu à peu, sous supervision, en salle de naissance comme en consultation.
Le deuxième cycle s’étire sur deux années supplémentaires, axées sur la prise en charge globale de la femme, de la prévention à l’urgence, sans oublier la pédiatrie néonatale. La formation alterne entre cours à l’école et longs stages en maternité, services de gynécologie, médecine, ou cabinets libéraux. Cette alternance prépare les futurs sages-femmes à la diversité des réalités du terrain.
Les connaissances se vérifient tout au long du cursus, à travers le contrôle continu et les examens finaux. L’obtention du diplôme d’État de sage-femme valide ces quatre années. Certains établissements proposent également le diplôme d’État de docteur en maïeutique, adossé à un master, accessible après validation du cursus initial. Ce titre permet d’accéder à la recherche ou à l’enseignement supérieur en sciences maïeutiques.
Implantées dans de grandes villes comme Paris, les écoles de maïeutique dépendent des universités de santé, aux côtés des filières de médecine, pharmacie ou odontologie. Le rythme y est soutenu, l’exigence bien réelle, mais la formation débouche sur un métier qui évolue et gagne en reconnaissance.
Passerelles, reconversion et perspectives d’évolution dans la profession
Le parcours classique, jalonné par le diplôme d’État de sage-femme, n’est pas le seul chemin. Des passerelles existent pour celles et ceux qui souhaitent se reconvertir ou qui viennent d’autres métiers de la santé. Le dispositif de validation des acquis de l’expérience (VAE) permet par exemple à une infirmière ou un professionnel paramédical de faire reconnaître une partie de son expérience, afin d’intégrer directement une année du cursus ou de valider certains modules. Cette démarche, encadrée par les universités et le conseil national de l’ordre des sages-femmes, s’adresse à ceux qui veulent concrétiser une réorientation sans repartir de zéro.
Après la formation initiale, plusieurs évolutions sont possibles :
- Spécialisations dans les grossesses à risques, la néonatologie, la santé publique.
- Master en sciences maïeutiques ou en santé, pour aller vers la recherche ou l’enseignement.
- Exercice en libéral, en PMI, ou engagement dans l’humanitaire.
Le métier se transforme au fil des réformes et des nouveaux besoins en santé publique. Le champ d’action des sages-femmes françaises s’étend, IVG médicamenteuse, suivi gynécologique de prévention, et la reconnaissance de leur statut de profession médicale à part entière s’affirme peu à peu. Le terrain s’ouvre, l’avenir aussi.


